CAP-VERT (RÉPUBLIQUE DU)

CAP-VERT (RÉPUBLIQUE DU)
CAP-VERT (RÉPUBLIQUE DU)

À 500 kilomètres environ à l’ouest de Dakar, l’archipel atlantique qui constitue la république du Cap-Vert (Cabo Verde en portugais) présente une grande originalité en ce sens qu’il est pratiquement le seul territoire africain de l’ancien empire portugais où le métissage culturel ait répondu aux aspirations de ses colonisateurs. Géographiquement africain, relativement proche du Nord-Est brésilien par certaines coutumes, fortement influencé par la langue, les attitudes et le sang portugais, cet émiettement d’îles cherche son identité depuis plus de cinq siècles. Cinq siècles marqués par une constante: l’hostilité du milieu qui fait de la survie de ses habitants un perpétuel combat contre l’aridité et la famine. Le Cap-Vert cumule les difficultés de la zone sahélienne, de l’isolement, de la dispersion insulaire et de la pauvreté de son ancienne métropole. Dans ces conditions précaires, l’émigration massive est un palliatif. Depuis l’indépendance (1975), ses dirigeants appliquent une politique pragmatique dictée par les réalités d’une géographie du dénuement. La capitale de la République est Praia, sur l’île de Santiago.

Un milieu hostile

L’archipel comprend deux groupes d’îles réparties, selon leur orientation par rapport au vent du nord-est, en deux axes: Barlavento (îles du Vent) et Sotavento (îles Sous-le-Vent). Au total, on compte dix îles et huit îlots dont les principaux sont les îlots Branco et Raso pour le Barlavento, et Grande, Luis Carneiro et Sapado pour le Sotavento.

L’origine de l’archipel est volcanique. On distingue les îles basses situées à l’est (Sal, Boa Vista, Maio) et les îles montagneuses parmi lesquelles se détachent Santo Antão, São Nicolau et Santiago. Le volcan de Fogo (dernière éruption en 1951) est le point culminant de la République (2 829 m). Appartenant à la zone aride, l’archipel a un climat conditionné par trois grands courants: l’alizé du nord-est peu humide, l’harmattan chaud et sec soufflant de l’est (octobre-juin), la mousson de l’Atlantique, chaude et humide, responsable des pluies d’été. La saison des pluies va d’août à octobre. La saison sèche occupe le reste de l’année et même beaucoup plus dans la réalité, puisque depuis 1968 la pluie est pratiquement absente, à l’exception des précipitations catastrophiques enregistrées en 1984. La température moyenne oscille entre 20 et 25 0C.

Le climat joue dans l’histoire des îles un rôle absolument capital, car la misérable agriculture dépendait entièrement, jusqu’à l’ouverture récente de puits artésiens, de la régularité des pluies. En fait, cette histoire séculaire est jalonnée de famines atroces qui ont tué probablement plus d’habitants que n’en compte actuellement la République. La dernière famine enregistrée date de 1959, mais celle de 1946-1948 aurait, selon certaines sources, fauché 20 p. 100 de la population, dans l’ignorance ou l’indifférence de l’opinion internationale. L’insouciance, l’incompétence et la pauvreté des colonisateurs sont largement responsables de l’érosion, de la diminution des terres arables et de la désertification menaçante qui ont relégué l’agriculture locale à un niveau purement symbolique.

Une économie indigente

Jamais très prospère, l’économie est convalescente sur ces terres devenues stériles. Quand le maïs (l’aliment de base), les haricots, le manioc, les patates douces, les bananes font défaut, il n’y a plus que l’exode vers les villes et l’émigration qui permettent la survie. On estime que 65 p. 100 de la population est liée à l’agriculture (ou ce qui en tient lieu) dans un pays qui n’a aucune aptitude à cette activité. Les chiffres suivants donnent une idée du désastre écologique: cultures non irriguées, 37 000 hectares; irriguées, 1 800 hectares. Par suite de la sécheresse, le cheptel est devenu insignifiant et la production agricole dérisoire (estimations pour 1984: 3 000 t de maïs, 3 000 t de pommes de terre, 2 000 t de manioc, 2 000 t de patates douces, 9 000 t de canne à sucre, 3 000 t de bananes). On estime que la campagne agricole 1991-1992 sera pire que les précédentes, la récolte ne devant pas dépasser 2 500 tonnes de céréales. 5 à 10 p. 100 seulement de la consommation sont couverts par la production locale, ce qui revient à dire que l’aide alimentaire restera essentielle bien au-delà de 1992, où le déficit vivrier devra être comblé par l’obtention de 16 552 tonnes de céréales. Cette assistance permet d’ailleurs de financer, par la revente des produits, plus de 22 000 emplois dans les secteurs du reboisement, de l’irrigation et de l’équipement routier, soit environ 25 p. 100 de la main-d’œuvre active.

Autre handicap: dans cette mer poissonneuse, ce sont les flottes étrangères qui assurent l’essentiel des prises. Les pêcheurs cap-verdiens souffrent de l’archaïsme de leurs méthodes. En 1983, le tonnage était estimé à quelque 13 500 tonnes. Un effort notable est consenti depuis l’indépendance pour moderniser l’armement local qui a devant lui de bonnes perspectives de développement (thon et crustacés).

Le secteur minier est fondé sur l’exportation stagnante de quelques milliers de tonnes de pouzzolane. Le sel représente environ 6 500 tonnes annuelles. L’industrie est marginale en dépit de l’abondance de la main-d’œuvre. En bref, cette géographie du désespoir n’offre pas, dans les conditions actuelles, de signes encourageants, sinon dans le secteur de la pêche et dans la réactivation des fonctions de relais de l’archipel. Celui-ci assuma longtemps un rôle essentiel dans les communications maritimes entre l’Europe et l’Amérique du Sud. Le port principal est Mindelo, sur l’île de São Vicente. Le Cap-Vert maintient surtout son importance stratégique grâce à l’aéroport international de Sal, qui est utilisé avant tout par l’Afrique du Sud, le Portugal et l’Angola. Cet éclectisme est évidemment dicté par les exigences de l’économie.

Dans ce pays qui compte parmi les plus pauvres du monde, le produit intérieur brut couvre à peine 60 p. 100 des dépenses nationales, la soudure étant assurée par l’aide internationale et les envois de fonds des émigrants que les autorités souhaitent voir investir dans l’économie locale. La balance commerciale est si lourdement déficitaire (en 1984, les exportations ont atteint 2,6 millions de dollars, et les importations 80 millions) qu’on ne voit aucune possibilité d’équilibrage à moyen terme. On prévoyait qu’en 1990 les exportations de biens et services atteindraient 53,5 millions de dollars contre 188,2 millions pour les importations de même type. Dans ces conditions, la seule richesse véritable du pays est sa population: 336 798 habitants recensés en 1990.

Une population menacée

Naguère qualifié, à tort d’ailleurs, de «laboratoire du luso-tropicalisme», le Cap-Vert se caractérise ethniquement par un métissage variant selon les îles, mais néanmoins accentué. Les Blancs n’ont jamais été très nombreux. Ils ne représentaient pas 3 p. 100 de la population au moment de l’indépendance. Le fonds racial est négro-africain, provenant des centaines de milliers d’esclaves arrachés par les Portugais aux côtes de Guinée, soit pour être exportés vers le Brésil, soit pour travailler dans les anciennes plantations locales. La gamme chromatique issue de cinq siècles de croisements génétiques défie toute description, mais il est probable que la grande île de Santiago est encore majoritairement noire, tandis que plusieurs îles ont une population beaucoup plus proche des ancêtres lusitaniens. La dominante est cependant métisse (environ 60 p. 100), tout au moins en milieu urbain. Il s’agit d’une population jeune, en croissance excessive, essentiellement rurale et sans débouchés sur place; il en résulte une émigration extraordinairement intense puisque le nombre des expatriés dépasse largement celui des habitants actuels. Sur les quelque 420 000 ou 450 000 émigrés, la plupart vivent aux États-Unis (250 000), au Portugal (50 000), au Sénégal (25 000), en France, aux Pays-Bas, en Italie. Autrefois importantes en Angola (35 000 à l’indépendance), à São Tomé (8 000) et en Guinée portugaise, les communautés cap-verdiennes des anciennes possessions portugaises d’outre-mer ont été rapatriées depuis 1975 ou sont en voie d’assimilation.

L’importance de la diaspora cap-verdienne ne saurait être sous-estimée puisqu’elle représente pour l’économie du pays un atout maître: ses envois de devises n’atteignent jamais moins de sept à vingt fois la valeur des exportations de produits locaux (1977-1979), venant immédiatement après l’aide internationale pour équilibrer la balance des paiements. Cet apport représentait 33 millions de dollars en 1987. On estimait en 1988 que la croissance démographique était de 0,92 p. 100 annuellement. La part de la population urbaine s’établissait à 31,5 p. 100 et la mortalité infantile à 65 p. 1 000. La capitale comptait plus de 62 000 habitants en 1990.

L’identité cap-verdienne

Malgré les disparités et les rivalités entre les dix îles, il est indéniable qu’une identité cap-verdienne existe. Elle se concrétise par la langue vernaculaire, le crioulo , par un capital d’expériences et d’attitudes communes face à la dureté du milieu, et un sentiment plus ou moins généralisé de différenciation par rapport à l’Afrique noire. En réalité, même au plus fort de la politique assimilatrice du Portugal, les Cap-Verdiens ne se sont jamais sentis pleinement portugais. Inversement, même pendant la lutte anticoloniale, ils n’ont jamais été acceptés comme des Africains à part entière par le continent.

Traînant derrière eux toute l’ambiguïté de leur double héritage, christianisés massivement quoique superficiellement (une large majorité catholique – 90 p. 100 – et quelques protestants), scolarisés tardivement mais avec constance pendant les vingt dernières années du régime colonial et intensément depuis l’indépendance, les Cap-Verdiens ont toujours disposé d’élites en nombre disproportionné eu égard aux ressources et aux débouchés locaux.

Intermédiaire agile, intelligent, entreprenant, facilement exploiteur, le Cap-Verdien n’a pas laissé que de bons souvenirs en Guinée portugaise et en Angola, et, au moment de l’indépendance ou peu après, les nouveaux maîtres de ces pays ne se firent pas faute d’en tirer les conséquences. En revanche, l’émigration vers le Portugal et dans les pays industrialisés est un phénomène récent (à partir de 1960), sauf vers les États-Unis où elle remonte au XIXe siècle et où elle est surtout circonscrite à la Nouvelle-Angleterre (initialement, il s’agissait d’un mouvement lié aux embarquements sur les baleiniers nord-américains). La nouvelle émigration vers l’Europe affecte des couches culturellement plus modestes, qui se contentent d’emplois exigeant peu de qualifications.

L’originalité cap-verdienne ne s’exprime jamais mieux que dans une littérature populaire très vivace, dont la morna nostalgique est la manifestation la plus authentique. Elle est au Cap-Vert ce que le fado est au Portugal.

Pays génétiquement métis, le Cap-Vert l’est également culturellement avec deux langues: le portugais officiel et le crioulo , langue nationale favorisée depuis l’indépendance. On peut considérer que l’enseignement primaire est presque universel (près de 61 000 élèves en 1987), et le nouveau régime, en ouvrant des écoles dans les campagnes, ne fait que répondre à une tendance bien nette dans la population, qui veut échapper à la misère en se dotant d’outils intellectuels, si humbles soient-ils. L’ennui est que, même dans un pays où l’analphabétisme l’emporte encore (35 à 40 p. 100 d’illettrés dans les centres urbains, 60 à 65 p. 100 dans les campagnes; en 1987, l’analphabétisme était de 43 p. 100 chez les adultes), la fréquentation de l’école primaire n’est plus un brevet de réussite sociale, la fonction publique et le secteur para-étatique ayant beaucoup de peine à absorber les quelque 8 000 élèves de l’enseignement secondaire, technique et supérieur (boursiers à l’étranger).

L’histoire coloniale

La «découverte», soit par les navigateurs vénitien Alvise da Cá da Mosto et génois Antoniotto Usodimare en 1456, soit par le Portugais Diogo Gomes et le Génois Antonio de Noli en 1460, fait l’objet de débats, mais il est également possible que les îles aient été antérieurement visitées par des Africains. L’archipel désert est divisé en capitânias , concédées au Portugal qui les peuple avec quelques émigrants métropolitains, mais surtout des esclaves tirés du continent et notamment de l’actuelle Guinée-Bissau. Les premiers colons s’installent en 1462 et fondent à Ribeira Grande, sur l’île de Santiago, la première ville européenne sous les tropiques. L’éloignement du Portugal, le climat, la qualité des sols interdisent toute agriculture comparable à celle qui fut implantée à Madère ou aux Canaries. En fait, les îles servent surtout aux négriers qui y ont leurs dépôts. Ribeira Grande atteint son apogée au XVIe siècle, mais les attaques de pirates et corsaires néerlandais et britanniques ruinent cette prospérité factice. Le coup de grâce est donné par les Français en 1712, et la capitale est abandonnée au profit de Praia à partir de 1770. Entre-temps, la grande propriété colonise l’intérieur de Santiago à l’aide d’esclaves, le tout sous la menace de la sécheresse récurrente. Le Portugal, hypnotisé par le Brésil, se désintéresse de l’archipel, occasionnellement confié à des compagnies de commerce qui obtiennent le monopole de la traite guinéenne dans le système portugais. En réalité, si l’archipel domine la vie économique des comptoirs portugais de Sénégambie, il leur doit en contrepartie l’essentiel de son peuplement. Cette symbiose indigente entre le continent et les îles persistera jusqu’à l’abolition effective de la traite transatlantique et au détachement administratif de la Guinée (1879). On notera cependant que la conquête de la Guinée sera réalisée en partie avec l’aide de soldats et de fonctionnaires cap-verdiens jusqu’en 1915 et même au-delà. Pendant tout le XIXe siècle, l’archipel subit les ravages de seize périodes de sécheresse, les plus meurtrières étant celles de 1831-1833 (près de 30 000 morts) et de 1864-1866 (peut-être autant de décès).

L’émigration devient la panacée, surtout à partir de l’abolition de l’esclavage (1875-1878), de l’arrivée des navires étrangers et de la grande famine de 1902-1904 qui fauche plus de douze mille personnes et envoie les survivants en masse dans les plantations de cacao de São Tomé. Les famines de 1920-1923, 1941-1942 et 1946-1948 laissèrent assez indifférent le Portugal et firent périr plusieurs milliers d’insulaires aux portes mêmes de l’administration coloniale. Les chiffres de l’émigration s’en ressentent (30 000 entre 1910 et 1930). Il semble bien que, par inertie ou calcul, le Portugal des années 1920 à 1950 ne fit rien pour atténuer les problèmes locaux, ni percement de puits ni reboisement, afin que la crainte de la famine permette de canaliser l’émigration non plus vers les États-Unis, mais vers la Guinée portugaise, São Tomé et l’Angola où la main-d’œuvre locale volontaire faisait défaut. En réduisant les investissements publics au minimum (sauf dans le secteur des communications), le Portugal de Salazar avait trouvé dans cet archipel un point d’appui, un réservoir de main-d’œuvre pour les colonies, accessoirement un bagne pour les opposants politiques (à Tarrafal) et même parfois une source d’excédents budgétaires!

Ce n’est que lorsque des Cap-Verdiens installés en Guinée portugaise créent le Partido africano da independência da Guiné e Cabo Verde (P.A.I.G.C.), se lancent dans la guérilla dans cette même Guinée (mais non au Cap-Vert où ni la population ni le terrain ne se prêtaient à la lutte armée) et réclament l’indépendance conjointe du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau sous la tutelle du P.A.I.G.C. que le Portugal se soucie vraiment d’apaiser le mécontentement des populations locales. En réalité, de 1968 à l’indépendance (1975) le Portugal n’attaquera pas les problèmes à leur base, se contentant de palliatifs (ouverture de routes employant en 1971 jusqu’à 41 000 travailleurs secourus par l’État, faisant survivre ainsi près de 200 000 personnes), mais il n’y a ni puits artésiens, ni travaux de reconstitution de la couverture végétale, ni petits barrages, ni a fortiori de réaménagement rural. En répétant que les Cap-Verdiens étaient des Portugais à part entière – ce que certains étaient prêts à croire –, en cultivant l’animosité des Africains de Guinée-Bissau à l’égard des insulaires et le complexe de supériorité de ces derniers vis-à-vis de l’Afrique, et en renforçant leur vigilance dans l’archipel, les Portugais parviennent à tenir le Cap-Vert à l’écart des convulsions qui ont déchiré l’Afrique portugaise de 1961 à 1974.

Une indépendance difficile

En revanche, Lisbonne ne réussit pas à contrer la propagande du P.A.I.G.C. dans les îles, et le coup d’État du 25 avril 1974 au Portugal permet au parti de s’y installer au grand jour et de grignoter les réticences du Portugal qui, malgré le général Spínola, doit reconnaître l’indépendance du Cap-Vert sous l’égide du P.A.I.G.C. (5 juill. 1975). Le seul avantage remporté par le Portugal dans cette déconfiture coloniale est d’obtenir que l’indépendance du Cap-Vert soit distincte de celle de la Guinée-Bissau, bien que le même P.A.I.G.C. soit aux commandes dans les deux républiques appelées, dans les statuts du parti, à se fédérer.

Et c’est là que le bât blesse entre 1975 et 1980, car, si le premier président du Cap-Vert, Aristides Pereira, est bien simultanément le secrétaire général d’un P.A.I.G.C. commun, et si le parti n’a d’autre ambition que l’unité des deux républiques sœurs, les antagonismes entre Cap-Verdiens et Guinéens ne s’en trouvent pas effacés pour autant. Lorsque Luís Cabral, demi-frère d’Amílcar Cabral (l’initiateur de l’idée d’une union interétatique et père posthume de l’indépendance des deux pays), est renversé en Guinée-Bissau (nov. 1980), cette construction boiteuse où un même parti gouvernait deux États distincts reçoit un coup fatal.

En janvier 1981, la branche cap-verdienne du P.A.I.G.C. tire les conclusions de l’élimination politique de Luís Cabral et des Cap-Verdiens en Guinée-Bissau, et se rebaptise Partido africano da independência de Cabo Verde (P.A.I.C.V.), sans plus de référence à la Guinée-Bissau qui, aux yeux des historiens, aura bel et bien tiré les marrons du feu pour le Cap-Vert. La chimère d’une union entre les deux États n’existant plus, il reste à préciser que le régime cap-verdien, sous l’autorité d’Aristides Pereira, a su faire preuve d’un pragmatisme et d’une souplesse auxquels les déclarations et la doctrine du P.A.I.G.C. avant l’indépendance n’avaient pas préparé les observateurs.

Intransigeant sur les questions de souveraineté et sur son non-alignement, il ne cesse de refuser l’installation de toute base militaire étrangère, laquelle jouerait un rôle majeur dans le contrôle de l’Atlantique sud. Conscient de la précarité de son économie, le nouvel État entretient soigneusement ses relations avec les pays occidentaux (notamment les États-Unis où vit l’essentiel de la diaspora cap-verdienne, mais aussi les Pays-Bas, l’Allemagne, les pays scandinaves et la France) qui sont devenus ses principaux bailleurs d’aide et les meilleurs garants de sa survie. On portera au crédit de la nouvelle administration sa lucidité quant à ses possibilités économiques réelles, un sérieux et une austérité allant croissant, une longue période de stabilité, un souci de cohésion nationale et surtout la volonté de combattre le sous-développement en s’attaquant à la misère du monde rural.

Se croyant soutenu par la majorité de la population, le P.A.I.C.V. accepte d’instaurer le multipartisme en septembre 1990, mais aux élections législatives du 13 janvier 1991 l’opposition, regroupée au sein du Mouvement pour la démocratie (M.P.D.), remporte une victoire écrasante. Son président, Carlos Veiga, devient le nouveau Premier ministre. Le transfert des pouvoirs s’effectue démocratiquement et est confirmé, le 17 février 1991, par la première élection présidentielle pluraliste qui voit la défaite d’Aristides Pereira, resté quinze ans au pouvoir. Le vainqueur de cette élection libre est le candidat du M.P.D., António Mascarenhas Monteiro, qui l’emporte avec 72 p. 100 des suffrages. C’est la première fois en Afrique noire qu’un opposant accède au pouvoir par les urnes et avec les compliments du président sortant. Ancien membre du P.A.I.G.C. avec lequel il rompt dès 1971, ancien président de la Cour suprême du Cap-Vert, António Mascarenhas Monteiro et le M.P.D. annoncent un renforcement de la démocratie et une nouvelle approche des questions de développement. À la fin de 1991, les élections municipales confirment le discrédit dans lequel était tombé le P.A.I.C.V. La nouvelle équipe, d’orientation plus libérale, reste cependant confrontée à une situation socio-économique de plus en plus difficile.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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